Je viens d’apprendre il y a quelques heures que je vais être scolarisée dans un internat exclusivement féminin. La perspective de ne pas être entourée de garçons ne me dérange pas vraiment, je n’ai que quatorze ans et je pense que j’ai encore le temps avant de devoir m’intéresser réellement aux garçons. Le problème c’est que j’ai peur de ne pas me sentir à ma place, c’est connu, les filles sont de vraies vipères qui peuvent faire de la vie d’une autre un vrai cauchemar… mais bon je ne vois pas non plus pourquoi je serait mal vue, je suis comme tout le monde et puis j’essayerai de me faire toute petite mais je ne compte pas me laisser marcher sur les pieds, ça pas question ! Si elles me cherchent elles me trouveront. Après tout, moi aussi je peux faire de leur vie un cauchemar, non ? Bref, ce pensionnat me permettra de me concentrer exclusivement sur mes études, étant donné qu’il n’y aura pas vraiment beaucoup de tentations, de choses quelconques à faire… Je pense donc réussir ma scolarité avec brio. A vrai dire j’ai toujours été passionnée par le travail de ma mère, sauver des vies est-ce que ce n’est pas génial, ça ? Bon d’accord, il faut bien admettre que les infirmières ne sont pas aussi importantes que les médecins mais sans elles ceux-ci n’arriveraient à rien. Il y a un autre mauvais côté, c’est le tri, mais il ne s’effectue pas souvent, il est réalisé seulement si il y a trop de blessés…J’espère que ça ne m’arrivera jamais, je me vois mal décider de qui sera soigné et de qui ne le sera pas et sera donc condamné. Ah oui, je pensais être débarrassée de mon insupportable petite sœur, malheureusement je ne serais séparée d’elle que pendant seulement trois ans, enfin c’est déjà ça, je ne la verrai plus que le week-end et les jours de fête. Sinon quoi d’autre ? Papa a prit quelques congés, le temps de se remettre des multiples contusions qu’il s’est fait sur un champ de bataille je ne sais plus très bien ou… J’ai toujours peur quand il s’en va… peur qu’il ne revienne pas, donc le fait de le savoir prés de nous me rassure. Enfin voilà, je suis un peu fatiguée et demain ce sera une longue journée pour moi, étant donné qu’avec maman nous allons faire ma valise et faire quelques courses pour qu’elle soit complète et que je sois prête pour la rentrée et oui c’est seulement dans cinq petits jours…J’appréhende un peu…

J’espère que tout va bien pour vous. Je sais que cela fait maintenant un moment que je ne vous ai plus envoyé de lettres, mais à vrai dire, les temps sont dures. Est-ce que vous vous portez bien ? Washington est-il encore un lieu sure ? Bref, j’ai quelques petites choses à vous annoncer. Tout d’abord je tiens à vous rassurer vos petites-filles Chrismaëlle et Millicent se portent à merveilles, ainsi que votre belle-fille Marie-Louise qui est devenue récemment chef des infirmières. Faisons place aux mauvaises nouvelles. J’ai été congédié, oui, cela veut bien dire que je ne fais plus parti de l’armée, je ne peux plus piloter des avions. En plus de ça, mes économies sont parties en fumées et malgré la promotion de Marie-Louise nous n’aurons bientôt plus assez d’argent pour subvenir aux besoins des filles. Si ça continue nous allons nous retrouver à la rue et c’est donc pour ça que je vous envoie cette lettre. J’aimerais vous demander s’il est possible de nous envoyer de l’argent ? Bien sur mère, il ne faut pas vous en faire, je vous rembourserais jusqu’au dernier centime. Sur ce, je vais vous laisser. Les enfants et votre belle-fille vous remettent le bonjour.

Je les déteste ! Je les hais ! Il me suffit simplement de les regarder pour éprouver du dégout pour eux. Je pensais que mes parents étaient des personnes biens, qu’ils ne m’obligeraient jamais à faire quoi que ce soit… Mais je viens de me ramasser une énorme claque, depuis dix-neuf ans je me voilais la face, ils sont comme tout le monde. Non, ils ne peuvent pas se contenter de revenus médiocres et de vivres dans une petite maisonnette, c’est inimaginable pour eux ! Alors ils font quoi ? Ils promettent la main de leur fille dévouée au premier venu, bien sur à condition qu’il soit riche et qu’il puisse subvenir aux besoins de la petite famille. J’ai vu une fois cette homme ; Maxence Steffenson et il m’insupporte déjà… Comment est-ce possible d’être possessif, vantard, manipulateur et pervers tout ça à la fois ? C’est le pire homme que j’ai jamais connu et c’est lui que je suis censée épouser. Je déteste aussi ma grand-mère autant que mes parents, parce que Madame n’a pas voulu envoyer de l’argent mais bien sur elle a cru bon de soumettre l’idée d’un mariage arrangé à mon père et ma mère ! J’ai l’impression que tout le monde est contre moi pour le moment et ça me rend malade. La seule personne à qui je peux me confier est Millicent, heureusement que ma sœur est la sinon je pense que je craquerais… Ma famille ne s’en tirera pas comme ça ! Ils me croient sans défense, inoffensive et trop réservée pour m’opposer mais ils se trompent. Ils savent très bien qu’il n’y a pas plus impulsive et rancunière que moi et je compte bien me rebeller ! Sur ce je te laisse, la guerre est déclarée !

J’ai l’impression que j’ai arrêté mes études et que j’ai abandonné mon rêve il y a une éternité, pourtant ça ne remonte pas à bien loin mais ma vie a complètement changé depuis. Je suis devenue contre mon gré madame Steffenson, pendant plusieurs mois j’ai résisté et j’avais pensé que tout allait rentrer dans l’ordre mais malheureusement ma mère tomba malade… Bien sur, ma famille n’avait pas assez d’argent pour prendre les frais médicaux en charge et comme j’aime ma mère et que je ne voulais pas la voir souffrir j’ai accepté d’épouser Maxence. Maintenant maman se porte mieux… et moi j’ai touché le fond. Tu t’imagine bien qu’après le mariage, il y a eut une nuit de noces et sincèrement c’était la pire nuit de ma vie. J’ai perdu ma virginité avec un homme que je déteste, et qui ma épousée juste pour mon corps. Presque chaque soir c’est la même chose, chaque fois je suis obligée de me donner à lui et bon sang je donnerais n’importe quoi pour être ailleurs dans ces moments la. J’ai vite capté qu’il avait accepté la mariage arrangé simplement pour mon physique, donc j’ai bien vite compris que je n’étais pas obligée de me comporter en épouse modèle et d’être au petit soin pour mon mari…Je fais d’ailleurs bien tout le contraire. Je lui fais bien savoir que je le hais, que jamais de ma vie je ne pourrais l’aimer et je pense que j’ai réussi à blesser son amour propre. Il me fait bien rire, parce qu’il se demande comment une femme ne peut pas aimer un homme comme lui… Ne comprend il pas que c’est un pauvre type ? Enfin bref, je vais tout faire pour lui rendre la vie infernale et lui faire également payer d’abuser de moi certains soirs ou je ne suis pas consentante. J’espère qu’il brulera en enfer ! - enfin plus maintenant parce que l'enfer c'est trop bien pour lui -